17 juin 2010

Raoul Peck, cinéaste haitien

Nommé en janvier 2010, président de la Fémis, l’École de cinéma de Paris, Raoul Peck commence sa carrière en 1992 avec L’Homme sur les quais, qui évoque son enfance à Port-au-Prince, sous la dictature des Duvalier ( d’ailleurs, Baby Doc vit toujours en France). Le film, une fiction orchestrée par un flash-back, raconte l’horreur vécue par trois fillettes que leurs parents ont du confier à leur grand-mère pour fuir la répression politique des « tontons macoutes ».
On retrouve Haïti dans le film qu’il vient de présenter au Festival de Berlin, Moloch Tropical, qui évoque les dernières vingt-quatre heures au pouvoir du président Aristide dont Peck fut ministre de la culture de 1995 à 1997 avant de démissionner avec le premier ministre Rosny Smarth, écœuré par la cuisine du pouvoir et ses règles truquées. « Toute démarche individuelle, précise Raoul Peck, est vouée à l’échec à long terme. Le vrai changement se fait dans la durée et à partir d’un collectif conscient ».
On retrouve ce thème du tiraillement entre l’intégrité et les compromissions dans son Lumumba (2000), un portrait-fiction du leader charismatique de l’indépendance du Congo, pays où il a longtemps vécu. « Comment faire passer une voie progressiste dans un environnement qui à d’autres priorités économiques et sociales ? » résume-t-il.
Dénoncer le cynisme, crier contre l’exploitation des pays pauvres pour le seul bien des plus riches : toute l’œuvre de Peck illustre ce combat, notamment Le profit et rien d’autre (2000), documentaire violemment anticapitaliste. Dans Sometimes in April (2005) il s’attaque à la répression du génocide rwandais et y accuse la communauté internationale, en particulier la France, l’ONU, les États-unis.
Il a réagi après le tremblement de terre d’Haïti contre « la tentation d’une mise sous tutelle » du pays et déclaré : « l’Haïti que j’ai connue est morte. Une nouvelle Haïti va naître. »

(D’après un article de Jean-luc Drouin, paru dans Le Monde du 3 février 2009)

Comédien, metteur en scène, acteur, Jean Michel Martial a un parcours singulier. Il abandonne le métier de chirurgien dentiste en 1983 pour devenir comédien. En 1989, invité par la Comédie Française, il joue dans Le Marchand de Venise. En 1995, il passe à la mise en scène et crée sa propre compagnie. Il fait de la télévision (série Profilage, récemment). Particulièrement remarqué dans l’Homme sur les quais, il joue dans de nombreux films dont Sucre amer (1998) ou Corps plongés de Raoul Peck (1998). Récemment, on l’a vu dans Trésor et dans Une affaire d’État. Il a également réalisé des documentaires.