17 juin 2010

Le Casino,cinéma disparu de Villeurbanne (Rhone)

Souvenir du CASINO de Villeurbanne


En passant cours Émile Zola, je vois un immeuble en construction à l’emplacement du cinéma CASINO, impasse du Casino (aujourd’hui Rue Hector Berlioz), oublié depuis longtemps. Il ne reste aujourd’hui pratiquement plus de trace des 16 cinémas villeurbannais existants dans les années 60 et aujourd’hui disparus.
Philipe Videlier dans son livre remarquable CINEPOLIS publié en 2003 aux éditions La passe du vent, 132 p, 12 euros , en collaboration avec la ville de Villeurbanne, raconte la vie des cinémas de notre Cité . Nous lui empruntons ce qui concerne le CASINO.
En août 1913, raconte Philippe Videlier, un cafetier, Pierre Buisson, fit bâtir au 49 bis du cours Émile Zola une salle des fêtes de 700 places et 3 bacons, qu’il appelle Casino.
La première eut lieu le 24 décembre, avec une partie lyrique assurée par Mme Devilliers de Paris, monsieur Lauzin, baryton d’opéra et les Delval, comiques troupiers, avant la projection du film Pathé, Nick Winter et le vol de la joconde. Pour la Saint Sylvestre étaient présentés La retraite de Russie et Rigadin au balcon.
C’est l’un des deux seuls cinémas avec les Variétés, 17, grande rue des Charpennes à rester ouvert durant la grande guerre de 14-18.
En 1921, se construit le Fantasio, 3 rue Eugène Machuel, et un peu plus tard d’autres salles dont le Family (aujourd’hui le Zola).ouvert par Marius Meunier-Riviére charcutier de son état.
A la fin des années vingt 10 % de la population villeurbannaise pouvait trouver place dans une salle de cinéma le samedi soir ou le dimanche.
Parfois les associations sollicitaient les cinémas pour projeter des films interdits par le secteur commercial. En 1929, les amis de l’URSS firent donner au Casino, Le Krassine au pole, film sur le sauvetage d’un équipage italien en perdition par un navire soviétique, montrant ainsi la grandeur d’âme des marins communistes secourant un navire fasciste. Les inspecteurs de la mairie n’étaient guère heureux que l’association ait vendu les invitations 3 francs.
Si le Fantasio fut le premier cinéma à s’équiper en parlant, en octobre 1930 avec Sous les toits de Paris de René Clair, le Casino s’équipe début 31.
Vers 1935, on pouvait entendre à l’entracte la célèbre Mére Cotivet de Radio Lyon au Family, tandis qu’au Casino, Sonia Towsky du Châtelet de Paris rivalisait avec les costaux Rosario ou le fakir Ben Aga. C’était aussi le lieu de conférences ou de débat. On put entendre Georges Lévy, « le médecin des pauvres » candidat à la députation en 1935, réunir 700 auditeurs au Casino.
Les salles projetaient toutes sortes de films, des nanars aussi bien que des chefs d’oeuvres. Ainsi en mai 1940, au moment de la débâcle, on pouvait voir La femme du boulanger ou La fin du jour à Villeurbanne.
Le 14 septembre 1944, le jour où le Général de Gaulle est venu à Villeurbanne, le Casino passait La bonne étoile et le Family, L’invitation au bonheur.
Bien entendu, en novembre 1960 lorsque Louis Pradel, maire de Lyon interdit la projection de J’irai cracher sur vos tombes d’après Boris Vian, parce que l’on y voyait une femme blanche, aux seins nus embrasser sur la bouche un noir, le Casino, l’Eden, le Family et les Iris passèrent le film à scandale « en première vision » sur l’agglomération, ce qui n’arrivait jamais.
Avec l’apparition de la télévision, la démocratisation de la voiture, le cinéma se met à péricliter et la municipalité laisse faire. Le casino passe 077, intrigue à Lisbonne ou sans doute des films de karaté avant de fermer le 20 novembre 1966.On mit quelques semaines sur la façade un écriteau avec « fermé pour travaux », mais le cinéma ne devait jamais rouvrir.
Le bâtiment devint, je crois, un garage avant d’être démoli l’an passé. Le nouvel immeuble n’entendra plus les rires des enfants à Rigadin ou à Laurel et Hardy. On ne verra plu les spectateurs sortir les yeux rougis après un triste mélodrame.
En 1973, il ne restait plus que 4 salles en activité à Villeurbanne, deux dix ans plus tard (le Zola et le CNP), et une seule aujourd’hui, forcément votre cinéma préféré.

Merci encore à Philippe Videlier.

Alain Liatard

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Le cinéma LE CASINO a été racheté par une entreprise de ponçage qui stockait ses machines sur le grand espace de l'orchestre et a gardé le balcon, intact et poussiéreux, jusqu'en l'an 2000 où l'entreprise a fermé ses portes. La façade très typique a été démolie ainsi que tout l'intérieur pour devenir un programme immobilier.

6:38 PM  

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