17 juin 2010

Le cinéma argentin

Le cinéma argentin est l’un des plus dynamiques d’Amérique du Sud. En effet, sa production est importante dès les années 1940 quand les émigrants, dont de nombreux cinéastes, fuyant la guerre en Europe, viennent se réfugier ou se cacher en Argentine. Dans les années 1950, quelques réalisateurs, comme Hugo Fregonese, allèrent faire carrière à Hollywood. D’autres furent reconnus à l’étranger comme Leopoldo Torre Nilsson avec La casa del Angel (1957), Fin de fiesta (1960), ou Martin Fierro (1968). On a pu, alors, parler d’un renouveau esthétique, car des cinéastes comme Fernando Birri devinrent des théoriciens du cinéma et influencèrent Fernando Solanas qui tourne son film manifeste La hora de los hornos en 1968, avant d’être obligé sous la dictature (1976-1983), d’émigrer en France où il réalisera Tangos, l’exil de Gardel (1985). Après la chute des militaires, le cinéma renait avec Hector Olivera qui présente le réjouissant No habra mas penas ni olvidado (1983) ou La noche de los lapices (1986). Luis Puenzo réalise en 1985 La historia official, qui connut un succès mondial. Adolfo Aristaraín propose avec son acteur fétiche Fernando Luppi Tiempo de la revancha en 1981, puis Un lugar en ail mondo en 1991. Eliseo Subiela filme les Últimas imágenes del naufragio en 1989 et Marcelo Piñero Tango feroz (1993).
Curieusement, la crise – malicieusement abordée dans Conversaciones con Mamá (2004) de Santiago Carlos Oves – ne freine pas la création cinématographique. C’est qu’il existe à Buenos Aires une université du cinéma qui va devenir une pépinière de cinéastes. L’université, devenant producteur de films, va faire connaitre des cinéastes comme Israel Adrián Caetano avec Pizza, birra, faso (1998) et Un osso rojo (2002), Pablo Trapero avec Mundo grua (2001) et El buenaerense (2003), Fabio Bielinski avec Nuevas reinas (2002), Daniel, Burman avec Esperando al Mesías (2000). La plupart de ces cinéastes deviennent à leur tour producteurs et de nouveaux cinéastes apparaissent.
Au cours de la dernière décennie Diego Lerman réalise un très beau film sur l’homosexualité féminine Tan de repente (2003). Juan Solanas filme Nordeste (2005), Lucrecia Martel La cienaga (2001) et La mujer sin cabeza présenté à Cannes en 2008, Lucia Puenzo, XXY (2007), un beau film sur le passage à l’âge adulte, et Pablo Agϋero tourne en Patagonie Salamandra (2008), actuellement sur les écrans français.
C’est aussi en Pantagonie que Carlos Sorin filme après 17 ans d’inactivité Historias minimas (2003) et Bombón el perro (2005). Suivra en 2007 El camino de san Diego qui évoque d’une manière inattendue la star du foot argentin Diego Maradona. Quand il apprend que Maradona est hospitalisé, Tati Benitez entreprend un voyage de plusieurs jours afin de porter au malade un tronc d’arbre qui ressemble, selon lui, à l’idole d’une grande partie du peuple argentin. Sorin réussit à dépasser les performances sportives et donne une représentation inattendue du supporter.
Du coté social, Fernando Solanas réalise deux documentaires sur la suite de la crise, Mémoire d’un saccage en 2004 et La Dignité du peuple en 2006, tandis que Marcelo Piñeyro propose Kamchatka en 2002 et El método en 2005.
De nouveaux cinéastes sont à suivre comme Marco Berger, qui porte un regard intéressant sur l’homosexualité, Julia Solomonoff dont le très réussi El último verano de la Boyita, primé à Toulouse (voir l’article dans les pages cinéma), sortira en septembre ou Juan José Campanella dont El secreto de sus ojos vient d’obtenir l’Oscar du meilleur film étranger.



Alain Liatard