17 juin 2010

La Yuma, film de Florence Jaugey (Nicaragua)

A Managua au Nicaragua, une jeune fille des quartiers populaires, Yuma, veut échapper à la drogue et à la pauvreté en devenant boxeuse. Là, sur le ring, l’agilité et l’énergie nécessaire pour s’imposer lui permettent de réaliser ses rêves.
Durant une manifestation, elle rencontre un étudiant en journalisme qui l’attire, mais leurs deux mondes sont trop différents. Le crime et la pauvreté les mettent face à un Nicaragua divisé en classes sociales violemment contrastées.
Le film a été réalisé par Florence Jaugey, une française qui vit au Nicaragua depuis le début des années quatre-vingt dix. En France, d’abord comédienne, on l ‘a vue dans quelques films avant d’aller seconder Ken Loach sur le choix des comédiens locaux pour Carla’s song. Depuis, elle a tourné de nombreux documentaires dont les plus connus sont Cinéma Alcazar (1999), L’île des enfants perdus (2002) ou L’histoire de Rosa (2005).
La réalisation a été un véritable défi, car c’est le premier long métrage tourné au Nicaragua depuis vingt ans. Filmé dans l’urgence et la précarité, il est interprété par des acteurs tous non professionnels.
Florence Jaugey expliquait au dernier festival de Biarritz, que, comme il n’y a pas de production audiovisuelle au Nicaragua, il faut payer les salles ou les chaînes de télévision pour présenter un documentaire. « Seuls des films des États-unis ou des télénovelas (feuilletons) sont diffusés. C’est terrible de ne pas avoir le reflet de sa propre image à la télévision. C’est une perte énorme car on ne peut pas construire une identité en se référent constamment à l’étranger. »
C’est sans doute parce que « la population la plus défavorisée manifeste un talent d’équilibriste remarquable pour affronter la vie de tous les jours » que Yuma va aller à la rencontre les gens du cirque qui passe dans son quartier. Grâce à sa force, à sa détermination et à son astuce la jeune fille n’a pas peur des gangs, et n’est jamais désespérée.
La mise en scène est plutôt classique, mais l’interprétation de Alma Blanco, une jeune danseuse de Managua, qui joue le rôle de Yuma, est parfaite.

Alain Liatard