17 juin 2010

La Corne d'abondance, film cubain de Juan Carlos Tabio

El Cuerno de la abundancia ("la corne d'abondance") est le 6e film du Cubain Juan Carlos Tabío, connu surtout comme le coréalisateur avec Tomás Gutíerrez Alea de Fresa y Chocolate et de Guantanamera. Ses premiers films étaient Se permuta (1983) et Plaff (1988). Dans ces films, la vie est agréable ; il y a à boire, à manger et les appartements sont confortables, même si la bureaucratie y est omniprésente, stupide et tatillonne. Vingt ans plus tard, tout va plus mal : La Havane est complètement dégradée et il n'y a plus beaucoup d'espoir. Quand on demande au réalisateur pourquoi le film est si noir, il répond : « l'art dépeint la réalité et lui renvoie sa propre image » mais qu' « il a cependant voulu faire une comédie parce que l'humour peut permettre au spectateur de réfléchir ». « La Corne d’abondance, ajoute-t-il, opère la synthèse de tous les points clés de la société cubaine au sein d’un village qui la représente tout entière ». Les spectateurs ont apprécié ce film (qui a remporté le prix du public au dernier festival de Biarritz) qui parle d'un éventuel trésor du XVIIIe siècle que les Castiñeiras se partageront s'ils arrivent à vaincre les nombreux obstacles qui se dressent sur leur chemin.
Ici la fable sociale est sous-jacente et camouflée derrière une comédie chorale légère et cocasse qui tourne définitivement le dos au pensum politique. A mi chemin entre la comédie italienne qui a toujours su exploiter la misère pour faire rire (exemple : Affreux, sales et méchants de Ettore Scola) et la folie délirante d'Alex de la Iglesia, La Corne d'abondance joue d'un décalage humoristique bienvenu, qui, malgré une mise en scène parfois un peu trop classique, est totalement réjouissant. Juan Carlos Tabio restant fidèle à ses comédiens, on retrouve ici Jorge Perugorria et Paula Ali dont le charme évident contribue à gommer les défauts des personnages et à nous les rendre attachants. Le message social sous-jacent qui confronte Cuba aux grands pays industriels est, quant à lui, amené par une séquence d'une étrange poésie (on vous laisse la découvrir). « Que ceux qui aiment le cinéma picaresque et chaleureux, satirique et sensible, courent voir ce petit film sans prétention mais grandement sympathique et extrêmement touchant ». écrit-on sur le site cinéma-France. Terminé depuis 2008, il n’est sorti qu’en Février 2010, et reste inédit à Lyon.

Alain Liatard

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