17 juin 2010

Festival d'Animation d'Annecy 2010

50 ans de cinéma d’animation à Annecy
Le festival international du film d'animation d’Annecy (FIFA) fêtait du 7 au 12 juin son cinquantième anniversaire. À cette occasion, le festival a invité au bord du lac 50 réalisateurs primés à Annecy. Plus grand festival d’animation au monde avec ses 120 000 entrées, la fréquentation a encore augmenté cette année, créant pas mal de frustration même parmi les journalistes. Véritable marché pour les grands studios et les télévisions qui viennent recruter, le festival a un peu perdu de son âme d’antan… De plus, la langue utilisée est principalement l’anglais, ce qui enlève de la convivialité, malgré une bonne organisation.
Le palmarès longs métrages a fait la part belle au cinéma états-unien en choisissant deux fois Fantastic Mr Fox de Wes Anderson (Cristal – grand prix – et prix du public) oubliant un intéressant film nordique Metropia de Tarik Saleh. Côté courts métrages, le grand prix est allé à un très beau film poétique, The Lost Thing de Andrew Ruhemann et Shaunn Tan (Australie-Grande-Bretagne). Le prix spécial du jury, le prix UNICEF et le prix du public ont couronné Sinna Mann, émouvant film de Anita Killi (Norvège) sur la violence paternelle. Signalons aussi les mentions données à Les Journaux de Lipsett, douloureux portrait d’un cinéaste expérimental canadien par Theodore Ushev et le très drôle film turc Don’t go de Turgut Agacik. Les Français remportent une mention spéciale pour le long métrage Kerity, la maison des contes de Dominique Monféry ; le prix de la première œuvre va à Jean-François de Tom Haugomat et Bruno Mangyoku, et les prix de fin d’études aux écoles des Gobelins (Paris) et de La poudrière (Valence).
On ne trouve aucun film latino au palmarès, un seul étant en compétition, Teclópolis, beau film de 12 minutes de Javier Mrad (Argentine) sur la prolifération des déchets informatiques : claviers, souris, disquettes… qui créent une ville futuriste.
L’Argentine était le pays invité. Nous avons pu voir une sélection des films d’animation de ces dernières années montrant l’originalité d’univers imaginaires comme le très beau L’Homme sans tête de Juan Solanas, réalisé en France et primé à Cannes en 2003, un programme sur l’animation publicitaire, deux longs métrages déjà présentés à Annecy, Boogie, el aceitoso de Gustavo Cova (toujours inédit en France) et Mercano, el marciano de Juan Antin (sorti discrètement) et un programme sur les "mondes fantastiques" de Juan Pablo Zaramella. L’œuvre très personnelle de ce cinéaste utilise toutes les techniques de l’animation : dessin, papier découpé, pâte à modeler et accélération d’images réelles. Il a remporté de nombreux prix avec son Viaje a Marte ("Voyage sur Mars") en 2004 et avec sa petite nonne de Lapsus en 2007. Il participe actuellement à un long métrage Ánima Buenos Aires. Une entente de coproduction entre l’Office national du film du Canada et l’Argentine, comportant un apport financier et technique a été signée durant le festival pour produire un court métrage d’animation argentin. "Ce cinéma est en pleine effervescence, a déclaré Monique Simard, directrice du programme français. Il fait preuve de beaucoup d’inventivité. Nous sommes donc heureux de participer à son développement."
Du Mexique, le très intéressant Carlos Carrera revient au cinéma d’animation et nous a présenté les premiers dessins de son prochain long métrage, Ana, l’histoire d’une petite fille de 9 ans.
De Colombie, Los extraños presagios de León Prozak décrit un personnage qui loue sa tête à Méphistophélès. Carlos Santa utilise de nombreuses techniques graphiques proches du cinéma expérimental. Le film est trop long et trop touffu.
Seuls les longs métrages de grands pays producteurs ont une chance de sortir sur les écrans. Les courts pour adultes passent parfois, mais discrètement, à la télévision et souvent au milieu de la nuit. L’Agence du court métrage en diffuse quelques uns dans les salles d’art et essai. Mais seul un festival comme Annecy permet de se faire une idée de la création actuelle mondiale et des avancées technologiques.
Le cinéma en 3 D était présent (avant-premières de Shrek 4, il était une fin et de Toy story 1 et 2), et le festival envisagerait une section 3 D pour l’an prochain. De toute façon, il y aura encore 500 films à voir et aussi plus d’un millier d’étudiants d’écoles d’art pour créer de l’ambiance. Rendez-vous pour Annecy 2011 !
Alain Liatard