20 juin 2008

Annecy 2008

Nous avons beaucoup de chance en Rhône-Alpes concernant le cinéma d’animation et l’image de synthèse. Avec un pôle de compétences à Lyon (Imaginove), Lyon Game qui s’occupe de jeux vidéos, Folimage, lieu de production de films et école à Valence, Citia à Annecy, Gebeka, distributeur de films à Lyon, voici tout un ensemble qui propulse le cinéma image par image.
Le fleuron est le Festival international du cinéma d’animation d’Annecy qui se déroule chaque année en juin. 115 000 entrées, 500 films projetés, dont 216 en compétition venant de 34 pays différents, vus par 6 700 professionnels dont 1 500 étudiants en école d’art ou de communication.
Il est difficile en quelques lignes de faire le tour des différents événements d’un tel festival : rencontres professionnelles, conférences, marché du film, carrefour de la création, présentation des programmes pour la jeunesse sur les chaînes TV, concours de projets…
Le festival a mis en avant cette année une superbe exposition consacrée à Emile Cohl, dont on fêtait le centenaire du premier film d’animation (Fantasmagorie, 1908), les avant-premières de « Valse avec Bachir » déjà remarqué à Cannes, de « Mia et le Migou » de Jacques Rémy Girerd, presque entièrement fabriqué à Valence et qui sortira pour les fêtes de Noël, la présentation de longs métrages en cours de réalisation, la projection de 19 nouveaux films de long métrage et un hommage à l’animation indienne.
Côté palmarès, c’est le très beau film « la maison en petit cube » (Japon), fable écologique où un homme reconstruit sa maison hors de l’eau à mesure que la mer monte, qui a obtenu le grand prix.
Le court français « Skhizen », l’histoire d’un individu frappé par un météorite qui vit à 91 cm de lui-même a obtenu le prix du public. Le film espagnol « la Dama en el umbral » inspiré par Gaston Leroux a obtenu le prix spécial du jury.
Côté long métrage « Sitia sings the blues », une adaptation musicale de l’épopée indienne Le Râmâyana a remporté le cristal du long métrage. L’inusable Bill Plympton (USA) a obtenu une mention spéciale pour son dernier long « Idiots & Angels ».
Le court-métrage français « Caméra obscura » a obtenu le prix du meilleur film de fin d’études : il s’agit de l’interprétation de la vision d’un aveugle. Réalisé par trois étudiants de Supinfocom, cette très bonne école fêtait cette année ses 20 ans.
En ce qui concerne les films latinos, on a pu voir « 2 métros » (Argentine), bataille entre deux créatures, trois films publicitaires brésiliens ainsi que « Casa de Máquinás » ainsi que « Passo ».
« Corte eléctrico » (Colombie) montre un laveur de vitres qui voit l’intimité d’un immeuble. « For you my people » (Mexique) est un film de fin d’études sous la vision pervertie du pouvoir.
L’Espagne présentait sept films dont le prix spécial du jury court et « Nocturna », un long déjà diffusé en France.
Le cinéma d’animation occupe aujourd’hui une place de choix dans le cinéma. Comme le dit Serge Bromberg, directeur artistique du festival, « de la poésie de certaines productions européennes à l’éclatant dynamisme des supers productions (…), de l’engagement politique de productions indépendantes aux expérimentations de plus en plus nombreuses et surprenantes, l’animation est désormais le genre le plus adulte et le plus multiforme du cinéma. »
L’animation c’est du rêve, de la poésie et aussi une possible interprétation du réel. Le festival d’Annecy a encore de belles éditions à proposer.