31 octobre 2006

Festival de Biarritz 2006





Le Festival de Cinémas et Cultures d'Amérique Latine fêtait fin septembre dernier sa quinzième édition. En plus de la compétition sur laquelle nous reviendrons un peu plus tard, le festival proposait une nuit du court métrage avec de nombreux films tournés en Amérique centrale, un hommage au cinéma chilien et à Miguel Littin ainsi qu'un hommage à l'acteur argentin Fernando Luppi.
On a pu revoir dans l'œuvre de Littin, El chacal de Nahueltoro (1969) et le baroque La tierra prometida (1973) qui ne manque pas de souffle même s'il a un peu vieilli.

L'hommage à Luppi proposait plusieurs chefs d'œuvres de Héctor Olivera (No habrá más penas ni olivido, 1983) et de Adolfo Aristarain. (Tiempo de revancha,1981, qui garde toute sa force à travers une histoire de chantage à l'assurance).

Il y avait aussi un excellent film récent, El viento d'Edouardo Mignogna (2005), qui raconte l'histoire d'un grand père qui vient à Buenos Aires annoncer à sa petite fille, médecin, le décès de sa mère qu'elle ne voyait plus.

En ce qui concerne la compétition des longs métrages :

EN EL HOYO de Juan Carlos Rulfo (Mexique) est un documentaire sur la construction d'un pont à Mexico entre 2003 et 2006. On suit un groupe d'ouvriers machistes au milieu de conditions de sécurités déplorables.

MARIPOSA NEGRA est le dernier film de Francisco J Lombardi (Pérou)
A l'époque Montesinos, une jeune femme voudra se venger de l'assassinat de son fiancé, jeune juge. Elle fera son enquête avec une journaliste de la presse à scandales.
Le film se développe lentement, et face au pouvoir incarné par les hommes (le rédacteur en chef, les tortionnaires) les deux jeunes femmes vont d'une certaine manière découvrir la vie.

ASI DE SIMPLE de Carolina Nicola (Cuba) est un film indépendant filmé en vidéo avec très peu de moyens, mal monté, mal mixé.
Il se veut un témoignage sur la vie de l'ile avec des personnages qui se croisent, qui se demandent s'ils doivent partir face à la dure réalité du pays.

RUIDO de Marcelo Bertalmío (Uruguay) nous fait suivre Basilio un personnage falot qui va être embauché pour lutter contre le bruit. Cette comédie grinçante se voudrait excentrique mais rate complètement sur but.

CUANDO ME TOQUE A MI de Víctor Arregui (Équateur) est un film sur la mort.
Un médecin légiste voit passer dans son service toutes sortes de personnes assassinées.
A travers un récit qui n'a rien de morbide, le film présente une vision très intéressante d'une grande ville, en l'occurrence Quito.
Voilà une très belle surprise pour un film de petit pays, tourné en vidéo.

MEZCAL d'Ignacio Ortiz (Mexique)
Au milieu de nulle part se trouve le bar El Farolito où viennent se retrouver un dizaine de personnes. Le film est compliqué dans sa structure et en même temps très littéraire.
Il va chercher ses influences chez Rulfo, Fuentes et même Shakespeare.
Quand l'âme a mal, rien ne vaut un petit verre de Mezcal !
Par sa beauté esthétique, le film arrive cependant à nous toucher.

O MAIOR AMOR DO MUNDO est la dernière œuvre de Carlos Diegues (Brésil).
Un astrophysicien qui se sait atteint d'une maladie incurable revient au Brésil pour y mourir.
Il veut aussi découvrir le secret de sa naissance.
Le cinéma de Diegues est toujours aussi baroque mais l'affrontement entre deux mondes débouche sur un schématisme et un syncrétisme bien utopique.

RABIA d'Oscar Cardenas (Chili) raconte la recherche d'emploi d'une jeune secrétaire.
Le film très court montre les longs temps d'attente et ne quitte pas Camila dans son parcours. Expérimental, tourné en deux jours, en vidéo, le film s'attache aux difficiles recherches de ces jeunes femmes dans un pays où les indemnités de chômage n'existent pas.

PROIBIDO PROIBIR de Jorge Durán (Brésil) est un film sur le Rio d'aujourd'hui.
Un jeune étudiant en médecine partage son appartement avec un étudiant en architecture.
Ils vont être confrontés en même temps à l'amour, à la violence et à la mort.
Le film se déroule à la fois dans la réalité sordide des favélas, dans le milieu privilégié des étudiants et aussi en pleine violence.
Que faire de sa vie, que vaut-elle ? Telles sont quelques une des questions posées par ce film touchant et bien réalisé. Logiquement, il a obtenu le grand prix du festival.

TIEMPO DE VALIENTES est une comédie de Damián Szifrón (Argentine).
Suite à un accident de la route et pour éviter la prison, un psychologue va devoir faire un travail d'utilité collective. On lui demandera d'accompagner un policier déprimé.
Ils vont enquêter ensemble sur la disparition de deux employés d'une usine d'armement. Mais l'enquête ne sera pas une simple routine.
Cette comédie policière était le seul film réellement drôle de la compétition.
Il a obtenu le prix du public. Le rythme y est très soutenu et la réalisation talentueuse.

PURA SANGRE de Léo Ricciardi (Argentine) était proposé pour le jeune public.
Un enfant de 9 ans se retrouve à la campagne chez son grand-père après la mort de ses parents.
Le vieil homme qui n'avait jamais accepté son gendre est très dur avec son petit fils qui arrivera finalement à se faire à sa nouvelle vie.
Le film ne s'adresse pas réellement aux enfants mais est très bien réalisé.

La sélection de cette quinzième édition n'a révélé que deux nouveaux cinéastes : Damián Szifrón et Víctor Arregui.
Il faut dire que la présentation cannoise était déjà très riche. Mais il faut signaler l'apparition de réalisateurs originaires de pays à la cinématographie pratiquement inexistante comme l'Équateur ou l'Uruguay. Par ailleurs, le Mexique et l'Argentine sont toujours deux pépinières de grands talents.